Le 22 Décembre 2018, un Tsunami — provoqué par une augmentation de l’activité éruptive du Krakatau et de son effondrement partiel en mer dans le détroit de la sonde — frappa les régions côtières de l’ouest de Java et du Sud de Sumatra en Indonésie.
Plus de 426 personnes perdirent la vie et plus de 1495 personnes furent blessées.
Le tsunami fut causé par un glissement sous marin qui suivi la forte augmentation de l’activité éruptive du Krakatau, aggravé par un fort coefficient de marée..
Le 23 Décembre 2018 il fut trouvé qu’une bonne partie de l’Anak Krakatau s’était effondré en mer. l’Anak Krakatau qui faisait 338 mètres de hauteur, n’en fait plus que 110 mètres! On estime le volume de roches et de cendres effondrés en mer entre 150 et 180 millions de m3.
Cet effondrement avait déjà été prédit en 2012 par une équipe de chercheur de l’université de Clermont-Ferrand et du « Coastal Dynamics Research Center » de Jakarta qui publia un article scientifique le 12 Mars 2012 dans la Revue du « Geological Society of London ». Nous reproduirons en français une partie de cette article scientifique, a la fin de cet article.
Contents
Historique des éruption et des tsunamis provoqués par le Krakatau
Le Krakatau n’est pas a son 1er tsunami ou ou a sa 1ere éruption cataclysmique!
Chronologie de l’éruption du Krakatau et du Tsunami du 22/12/2018
Le PVMBG (Volcanological Survey of Indonesia) a enregistré une forte augmentation de l’activité éruptive de l’Anak Krakatau. Le 22 Décembre 2018 entre 12h00 et 18h00 heure locale, 423 éruptions ont été enregistrées par l’agence.
Le 22 Decembre 2018 à 21h03, une éruption du Krakatau a endommagé un sismographe. Mais un autre sismographe a enregistré des tremors continus. L’éruption a causé l’effondrement de la partie sud Ouest du volcan, qui causa un tsunami. Les autorités ont affirmé que 64 hectares de terrain se sont effondrés en mer. Cet effondrement a réduit la taille du Krakatau de 338m à 110 mètres.
Le BMKG (Agence de meteorologie, climatologie et geophysique) a detecté un tsunami aux alentours de 21:27 heure locale. Le tsunami a touché les cotes de Lampung et de Banten vers 21:30. Le BMKG avait initialement refusé de qualifier l’événement de tsunami, affirmant qu’il s’agissait d’une marée haute « normale » et qu’aucun tsunami ne s’était produit sur la côte de Banten.
Auparavant, le BMKG avait émis un avertissement de hautes vagues pour les eaux du détroit. Les marégraphes mesuraient le tsunami à environ 90 centimètres à Serang et à 30 centimètres à Lampung, au dessus des eaux de marée haute de deux mètres. L’Indonésie dispose d’un système d’alerte aux tsunamis pour les tsunamis causés par les tremblements de terre, mais pas pour les tsunamis volcaniques. Par conséquent, il n’y a pas eu d’alerte précoce.
Le 23 décembre, des données satellitaires et des images d’hélicoptères ont confirmé que le secteur sud-ouest du volcan s’était effondré, ce qui avait déclenché le tsunami, et que la cheminée volcanique principal était en train de sortir sous l’eau, produisant une activité de type Surtseyan. (les volcans au contact de l’eau produisent de plus forte explosion)
Les vagues ont touché environ 312,75 kilomètres de côtes à différentes hauteurs. À Carita, les vagues auraient atteint une hauteur d’au moins deux mètres, tandis qu’à Tanjung Lesung, une hauteur de plus de cinq mètres aurait été signalée.
Le 31 décembre, le ministère des Affaires maritimes et de la Pêche, assisté de l’université de Tohoku et de l’université de Chuo, a révélé que le tsunami avait frappé le littoral de Banten et de Lampung à une hauteur de 13 mètres.
Après la catastrophe du 22 Décembre 2018, l’activité de l’anak Krakatau a fortement augmenté. Une grosse éruption s’est produite le 26 décembre et le bruit de l’explosion a été entendu par les résidents de Cianjur (ouest de Java) et a Ogan Komering Ulu (sud Sumatra) qui est a une distance de plus de 200km du volcan. Les gens ont comparé le bruit de l’éruption à une explosion de réservoir de gaz.
Le BMKG a affirmé que de nouveaux capteurs allés être installé autour du volcan.
Publication Scientifique du 12 Mars 2012 prédisant l’effondrement du Krakatau et le Tsunami
Cette publication scientifique a été écrite par T. GIACHETTI, R. PARIS, K. KELFOUN et B. ONTOWIRJO de l’Université de Clermont-Ferrand (GeoLab et Laboratoire Magmas et Volcans) et du BPDP de Jakarta.
Ci dessous une traduction partielle de l’article scientifique (initialement publié en Anglais). Mes commentaires seront en Italique.
On peut voir que le titre décrit déjà parfaitement bien ce qu’il s’est passé!
Risque de tsunami lié à un effondrement du flanc du volcan Anak Krakatau, détroit de Sunda, Indonésie
Résumé: Une Modélisation numérique d’une déstabilisation rapide et partielle du volcan Anak Krakatau (Indonésie) a été réalisée afin d’enquêter sur le tsunami que provoquerait cet événement.
L’Anak Krakatau est en grande partie construit sur la paroi raide au nord-est de la caldeira d’éruption de 1883, et il est actif du côté sud-ouest (vers la caldera de 1883), ce qui rend l’édifice assez instable.
Un effondrement de flanc hypothétique de 0,280 km3 dirigé vers le sud-ouest déclencherait une première vague 43 m de hauteur pour atteindre les îles de Sertung, Panjang et Rakata en moins d’une minute, avec des amplitudes de 15 à 30 m. Ces vagues seraient potentiellement dangereuses pour les nombreux petits bateaux de tourisme circulant dans et autour de l’archipel de Krakatau. Les vagues se propageraient alors de manière radiale à partir de la zone d’impact et à travers le détroit de Sunda, à une vitesse de 80 à 110 km/h. Le tsunami atteindrait les villes situées sur la côte ouest de Java (par exemple, Merak, Anyer et Carita.) 35 à 45 minutes après le début de l’effondrement, avec un maximum amplitude de 1,5 (Merak et Panimbang) à 3,4 m (Labuhan). Comme beaucoup d’infrastructures industriels et touristiques sont situées près de la mer et à une altitude inférieure à 10 m, ces vagues présentent un risque non négligeable.
En raison de nombreuses réflexions à l’intérieur de l’archipel de Krakatau, les vagues toucheraient Bandar Lampung (Sumatra, environ 900 000 habitants) après plus d’une heure, avec une amplitude maximale de 0,3 m.
Les vagues produites seraient beaucoup plus petites que celles apparues lors de l’éruption de Krakatau en 1883 (environ 15 m) et une détection rapide de l’effondrement par l’observatoire du volcan, ainsi qu’un système d’alerte efficace sur la côte, empêcheraient probablement cet événement hypothétique d’être mortel.
Note : Par le résumé de cette article scientifique on peut déjà dire que la prédiction faite est exacte, le volcan s’est bien effondré en mer. mais il ne s’est effondré que partiellement (estimé entre 0.150 km3 et 0.180 km3) au lieu des 0.280km3 prédit dans le résumé. D’après certains articles une fissure est apparu sur le Krakatau, qui suppose que le volcan est encore instable car sa partie instable ne s’est pas totalement effondré! a priori on devrait encore avoir un volume de 0.100 km3 encore instable. Les vagues du tsunami ont bien atteint les rivages de Java ouest en 30 min, mais a priori du a une forte marée les vagues du tsunami et les dégâts ont été plus important que prévu. La Prédiction de vague à 43m sur les iles voisine de Rakata, sertung et Panjang et probablement exacte, sur la photo ci dessous on peut voir la roche mis a nue ( la foret a disparu du a la vague sur l’ile d’en face « Rakata »).
La plupart des tsunamis historiques recensés ont une origine sismique, mais de tels événements peuvent également être provoqués par des phénomènes liés à de grandes éruptions volcaniques, tels que des coulées pyroclastiques importantes pénétrant dans l’eau, des explosions sous-marines, des effondrements de caldeira ou par une importante masse, glissant rapidement et percutant l’eau.
L’effondrement du flanc du Stromboli en décembre 2002, qui s’élevait à 17 millions de m3, provoqua une vague de 8 m de hauteur sur la côte de Stromboli, mais a eu peu d’effet sur les côtes situées à plus de 200 km de l’effondrement. Le tsunami provoqué par l’effondrement de 30 millions de m3 de la baie de Lituya en Alaska en 1958 a atteint 60 m à 6 km latéralement de l’effondrement et 30 m à 12 km. Ces tsunamis ont fait très peu de victimes, car ils se sont produits dans des endroits isolés (baie de Lituya, Alaska) ou pendant une période d’absence d’activité touristique (Stromboli).
Le plus grand effondrement latéral d’un volcan insulaire enregistré à une époque historique (environ 5 km3 ~ 5000 millions de m3) a eu lieu lors de l’éruption de l’île Ritter en 1888, produisant des vagues allant de 10 à 15 m (selon les témoignages) à des dizaines jusqu’à des centaines de kilomètres de la source.
Avec 15 000 morts, le tsunami provoqué par l’effondrement du secteur du mont Mayuyama en 1792 dans la baie d’Ariake (île de Kyushu, complexe volcanique d’Unzen) a été la deuxième pire catastrophe au Japon et le deuxième tsunami volcanique le plus meurtrier (après celui provoqué par l’éruption de Krakatau en 1883). L’effondrement a probablement été provoqué par un fort tremblement de terre et le volume de cet effondrement était d’environ 340 millions de m3. Les vagues du tsunami variaient de 8 à 24 m de l’autre côté de la baie d’Ariake.
L’éruption du volcan Krakatau du 26 au 28 août 1883 et les tsunamis qui ont suivi ont fait plus de 35 000 victimes le long des côtes du détroit de Sunda en Indonésie. Cette éruption a été l’une des éruptions les plus puissantes et les plus dévastatrices de l’histoire. De nombreux tsunamis ont été produits au cours de cette éruption d’environ 2 jours, le plus important ayant eu lieu après 10 heures le 27 août. La vague principale a atteint les villes de Anyer et Merak à Java après 35 à 40 minutes, et environ 1 heure environ pour la ville de Bandar Lampung (Teluk Betung) à Sumatra. Un marégraphe situé près de Jakarta (port de Batavia, Java) a enregistré l’arrivée de la vague environ 140 min après son initiation présumée sur l’île de Krakatau.
En utilisant les vagues consécutives au tsunami déterminées le long des côtes de Java et de Sumatra, les hauteurs avant la montée en puissance ont été estimées à environ 15 m le long de la côte tout autour du détroit de Sunda.
Le mécanisme de génération de ces tsunamis de 1883 est toujours controversé et plusieurs processus peuvent avoir agi de manière successive ou combinée. Sur la base de simulations numériques à basse résolution, Nomanbhoy & Satake (1995) ont conclu qu’une série d’explosions sous-marines sur une période de 1 à 5 min était la source la plus probable du tsunami majeur. Néanmoins, les écoulements pyroclastiques formés par l’effondrement gravitationnel des colonnes éruptives sont également une source possible pour la plupart des tsunamis observés avant et pendant le paroxysme.
Près de 45 ans après cette éruption cataclysmique de 1883, Anak Krakatau («l’enfant de Krakatau» en indonésien) est sorti de la mer au même endroit que l’ancien Krakatau et a depuis atteint sa hauteur actuelle de plus de 300 m. Il présente une activité fréquente, posant toujours un risque pour les populations côtières de Java et de Sumatra, ainsi que pour les importantes routes de navigation empruntant le détroit de Sunda. À la suite de la phase active d’Anak Krakatau en 1980, un observatoire permanent du volcans a été créé à Pasauran, sur la côte ouest de Java, à environ 50 km à l’est de l’archipel de Krakatau. Un sismomètre de courte période placé sur le flanc du volcan, un contrôle visuel et des statistiques quotidiennes sur les événements sismiques sont utilisés pour déterminer le niveau d’alerte actuel, sur la base duquel les autorités indonésiennes décident de mesures préventives, interdisant parfois le tourisme autour de l’archipel.
Anak Krakatau risquerait de provoquer un tsunami provoqué par un effondrement de son flanc, car le volcan est en partie construit sur une paroi escarpée de la caldeira résultant de l’éruption de 1883. Un petit tsunami (environ 2 m de haut) a eu lieu sur l’île de Rakata en octobre 1981 lors du réveil d’Anak Krakatau. Dans la présente étude, nous simulons numériquement une déstabilisation soudaine vers le sud-ouest d’une grande partie du volcan Anak Krakatau, ainsi que la formation et la propagation du tsunami qui en résulterait.
Nous montrons des résultats concernant l’heure d’arrivée et l’amplitude des vagues produites, à la fois dans le détroit de Sunda et sur les côtes de Java et de Sumatra. Nous discuterons ensuite des relations entre la morphologie d’Anak Krakatau, l’emplacement des îles environnantes, la bathymétrie du détroit et les vagues déclenchées.
Géographie, population et infrastructures dans le détroit de Sunda
Le détroit de la Sonde, dans lequel se trouve le volcan Anak Krakatau, a une orientation approximativement nord-ouest / sud-ouest, avec une largeur minimale de 24 km à son extrémité nord-est entre Sumatra et Java. Son extrémité ouest est profonde (plus de 1500 m de profondeur), mais sa profondeur diminue à mesure qu’elle se resserre à l’est, avec une profondeur d’environ 20 m dans certaines parties de l’extrémité est, ce qui rend la navigation difficile en raison des bancs de sable et des forts courants de marée.
Les nombreuses îles du détroit et les régions voisines de Java et de Sumatra ont été dévastées par l’éruption de Krakatau en 1883. L’éruption a considérablement modifié la topographie du détroit, avec environ 12 km3 (DRE, équivalent de roche dense) d’ignimbrite se déposant autour du volcan.
Les explosions volcaniques faibles à modérées d’Anak Krakatau, qui est en partie construite sur le site de l’ancienne île de Krakatau, attirent des bateaux de tourisme qui circulent entre les îles de l’archipel de Krakatau.
Certaines zones n’ont jamais été réinstallées depuis l’éruption de 1883 (par exemple le sud-ouest de Java, Note : aujourd’hui c’est le parc national de Ujung Kulon, la ou les derniers rhinoceros de Java vivent), mais une grande partie du littoral est maintenant densément peuplée, en particulier à Bandar Lampung (environ 900 000 habitants) à Sumatra et sur la côte ouest du Cilegon. District (environ 400 000 habitants) de Java. En outre, de nombreuses routes de l’ouest de Java et du sud de Sumatra sont situées près de la mer et à basse altitude (inférieur à 10 m), ainsi que d’importantes infrastructures économiques telles que des centrales électriques (par exemple, Labuhan, au nord-est de Merak et au sud-est de Banda Lampung), des industries (p.ex. industries sidérurgiques à Cilegon), de grands ports reliant Java et Sumatra (Merak, Bakaheuni) et des stations touristiques (p. ex. Anyer, Kalianda). Il existe également plusieurs plates-formes pétrolières dans le détroit, notamment au large de la côte de Java.
Un tsunami de plusieurs mètres, comme lors de l’éruption de 1883, pourrait avoir de graves conséquences sur ces infrastructures. En octobre 2007, le gouvernement indonésien a planifié la construction d’une liaison routière et ferroviaire de 30 km entre les îles de Sumatra et de Java (pont Selat Sunda), à travers le détroit de Sunda (26 km), à 70 m d’altitude (au-dessus du niveau de la mer). En 2009, l’étude de «pré-faisabilité» de ce projet de 10 milliards de dollars a été achevée et la construction devrait commencer en 2012. En raison de l’activité sismique et volcanique dans la région de Sunda, ce projet doit faire face à de nombreux défis. Le volcan Krakatau est situé à seulement 40 km du futur pont. Certains piliers du pont peuvent être victimes de tsunamis traversant le détroit de Sunda. Il est donc nécessaire de quantifier ces risques. (Note : au jour d’aujourd’hui, ce projet ne s’est toujours pas réalisé et il n’est toujours pas prêt d’être réalisé)
Volcan Anak Krakatau : évolution et morphologie actuelle
Anak Krakatau a émergé de la mer pour la première fois en 1928, juste à côté de la falaise Nord Est du bassin formé par l’effondrement de la caldeira d’éruption de Krakatau en 1883. Ce volcan a été construit à l’endroit où le principal évent (cheminé de magma) de l’éruption de 1883 aurait été situé.
Entre 1928 et 1930, le volcan recule et réapparaît trois fois jusqu’à ce qu’il s’établisse de façon permanente au-dessus du niveau de la mer.
En 1959, un anneau de tuf hyaloclastite ininterrompu de 152 m de haut se développa et un lac se forma dans le cratère. Le style de l’éruption a été Surtseyan pendant la période 1928-1930, puis vulcanien jusqu’en 1960, avant de passer aux explosions stromboliennes qui ont créé un cône atteignant 200 m d’altitude en 1981.
En 1981, une éruption volcanique marqua un déplacement de l’activité d’Anak Krakatau vers le sud-ouest avec des produits volcaniques plus différenciés (andésites acides, dacites) plus importants que précédemment (principalement des basaltes et andésites avant 1981).
Au moment de la rédaction du présent rapport, la dernière éruption d’Anak Krakatau, qui a débuté le 25 octobre 2010, est toujours en cours, avec des nuages de cendres denses formant des panaches atteignant 100 à 1000 m de haut.
Des sondages rapides effectués en 1928 ont montré que le versant ouest du volcan était considérablement plus raide (supérieur à 28°) que le côté est, en raison de sa position sur la paroi escarpée du bassin d’effondrement de la caldeira et du fort courant qui court généralement du sud ouest ou Nord Est. Deplus et al. (1995) ont montré que cette pente existait encore en 1995 et que les éruptions successives n’avaient pas entraîné un remplissage de la caldeira. D’après ces données concernant les pentes abruptes sur lesquelles Anak Krakatau est construit et le fait que ce volcan se développe vers le Sud Ouest, des glissements de terrain sur son flanc sud-ouest ne peuvent être exclus. Un tel glissement de terrain serait dirigé vers le sud-ouest dans la caldeira de 1883 et déclencherait des vagues qui se propageraient dans le détroit de Sunda, affectant éventuellement les côtes indonésiennes.